Je soupirais et posais ma première valise sur le sol dans un bruit mat. La seconde tomba ensuite de mon épaule dans un bruit sourd tandis qu'un sourire se dessinait sur mes lèvres. Heureuse. C'était ce qui pouvait émaner de moi lorsque l'on m'apercevait sans même me connaitre. J'y étais enfin, j'étais enfin dans ce hall, dans cette université, enfin ! Mais très vite mon sourire disparut, j'avais tout intérêt à ne pas merder ici !

Pour une fois qu'un établissement prestigieux voulait de moi, je n'allais pas dire non ! Enfin, il voulait de moi parce que j'avais caché pas mal de choses, comme mon corps par exemple. Ou plutôt l'encre sur mon corps... Personne ne devait savoir et c'était donc pour cela que je portais actuellement un gros pull en laine et un jean. J'avais horreur de cette tenue, mais j'étais habituée à me cacher, alors à force je me faisais à ce look trop... Mademoiselle tout le monde.

Des bruits de pas résonnèrent dans le hall et immédiatement, je redevins impassible. Mon visage se ferma et je scrutais les alentours. J'allais faire un pas en avant lorsque je mis pris le pied dans ma valise. En moins de trente secondes, je me retrouvais allongée sur le sol de tout mon long, maudissant ma valise mentalement. Mais qu'est-ce qu'elle faisait là elle aussi ? En grognant, je me redressais non sans donner un léger coup de pied dans mon bourreau. Malheureusement, mon pied tomba sur quelque chose de métallique que je reconnus comme étant l'une de mes palettes de maquillages, et cela ne lui fit pas vraiment plaisir. En étouffant un cri aiguë, je me mis à sautiller comme un enfant.

Comme les pas se rapprochaient, je me calmais et pris mon sac valise sur mon épaule. Avec tout le boucan que je venais de faire, je ne comprenais pas comment j'avais pu éviter l'attention ! J'avais eu l'impression d'avoir été aussi bruyante qu'un éléphant et je me sentais mal à l'aise. Moi qui n'aimais pas me faire remarquer j'étais mal barrée. En plus, j'étais certaine que les bruits de pas se rapprochaient, ce qui voulait dire que je n'étais plus seule... Zut !

Alors que je m'apprêtais à m'enfuir comme une voleuse, il fallut que le destin intervienne. Mais malheureusement pas en ma faveur. Alors, une main se posa sur mon épaule et déjà un jeune homme apparut dans mon champ de vision. Immédiatement, je passais son physique en revue. Il avait l'air mignon et il souriait de bon coeur, mais immédiatement je fus frappée par son visage. Incroyable ! On avait l'impression d'avoir affaire à un portrait ambulant ! Si j'étais épaté par sa prestance, je n'en laissais pourtant rien paraître et pinçais les lèvres pour ne pas lui demander de retirer immédiatement sa main de mon épaule.
Pas que ça me dérange qu'il me touche -enfin si, mais pas au point de lui hurler dessus- en réalité, j'étais juste énormément gênée par l'endroit qu'il touchait. Il voulait bien faire certes, mais pourquoi avait-il fallut qu'il touche cette épaule là ? Il n'aurait pas pu mettre sa main sur l'autre non ? Mais non, il avait fallu qu'il appuie bien comme il faut sur mon dernier tatouage ! Celui que j'avais fait la veille à peine avec une jolie tête de panda ! Il avait fallu qu'il la touche !

Certes il ne l'avait pas fait exprès, mais je le maudissais intérieurement. Oh la douleur n'était pas insoutenable, en fait, elle était même comparable à un léger coup de soleil, mais je lui en voulais atrocement de toucher cette épaule. C'était comme s'il avait su que celle-ci avait quelque chose à cacher.

- Ehhh Salut. Je suis désole mais j'ai tout vu... Je m’appelle Yoon Min Tae.

Sa voix était mignonne, un peu hésitante et mal assurée, j'avais la nette impression que c'était lui le nouveau et non moi, si bien que je me senti, pendant l'espace d'une seconde, rassurée par sa présence. Mais la seconde ne fut pas éternelle et le fait qu'il m'ait vu me ridiculiser apporta une tache au tableau déjà bien assombri de notre rencontre.

- Tu n'as rien vu du tout.

Ma voix n'était pas autoritaire, mais il y avait quelque chose en elle qui voulait faire comprendre à ce garçon que je n'étais pas sa meilleure amie et que cela n'arriverait peut-être jamais. Je voulais qu'il assimile le fait que je ne perdrais pas la face, même si j'avais l'air d'une idiote sans nom.Pourtant, comme il avait l'air plutôt sympa -bien que je m'en méfiais comme de la peste- et qu'il avait été assez polis pour venir me voir et engager une conversation tout en se présentant, je lâchais mon prénom du bout des lèvres :

- Kwon...So Hee.